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Lutte anti-stress : "La patate chaude est lancée"

Propos recueillis par Cécile AUGUSTE pour NewzyExecutive.fr auprès de Bernard Salengro , médecin du travail et secrétaire national de la CFE-CGC, qui analyse les raisons et les conséquences de la méthode Xavier Darcos. Le ministère du Travail a publié pendant 24 heures la liste des entreprises de plus de 1 000 salariés mal notées en matière de prévention du stress.

-  Quel est votre avis sur la liste publiée par le ministère du Travail ?

Bernard Salengro : Le ministère a utilisé la méthode "name and shame". Ce qui a fonctionné puisque les entreprises ont hurlé à la mort. Leur discours allait dans le sens, "moi mon entreprise, elle est comme la pastèque (à la fois rouge et verte, ndlr)". Le fait que le ministère ait supprimé la liste rouge et orange est un épiphénomène. Quelque part, la méthode a été un excellent moyen de faire pression sur les entreprises. L’accord sur le stress, signé et étendu en avril 2009, n’avait abouti à rien. J’ai été étonné par l’impact et j’encourage le ministère à continuer dans ce sens.

-  On a critiqué les délais trop courts accordés aux entreprises...

B. S. : Les délais n’ont pas été un problème. C’est une fausse excuse. Quand elles doivent répondre à une loi sur les taxes, les entreprises se précipitent. Là, elles avaient plus 6 mois pour se pencher sur la question, dès l’invitation du ministère.

Pour celles qui se sont vues sur la liste rouge, c’était de la mauvaise volonté de leur part. Il n’y a pas de moyens mis en œuvre pour le plan santé, ni de stratégie aboutie.

Le plan concerne également les petites PME, mais on en parle peu.

-  Quelles sont les bonnes pratiques à adopter contre le stress ?

B. S. : Les bonnes pratiques sont simples mais ne sont pas économiquement rentables pour les entreprises : parler ensemble, se respecter, mettre en place des outils d’évaluation, faire en sorte que les partenaires sociaux soient parties prenantes, voici les premiers pas à accomplir mais la route est encore longue.

La médecine du travail est paralysée par la gestion patronale. On a un véritable problème managérial à régler dans les entreprises. Les managers n’ont pas été formés à lutter contre le stress, pire même ils ont été déformés à cause du système élitiste à la française.

Mais la mise en place de cette liste est un premier petit pas.

-  Quelle suite le ministère du Travail va-t-il donner ?

B. S. : On va se revoir le premier avril prochain, et ce n’est pas un poisson d’avril ! Une nouvelle liste sera rendue officielle et comportera des indications un peu plus sévères.

Quand je regarde tout ce qu’il y a à faire, le travail est énorme mais nous avançons. Il faut savoir qu’il y a 5 ans, on ne parlait pas mais surtout on ne pouvait pas parler de stress. La question était tabou. Les médias ne l’évoquaient pas car le gouvernement ne s’en préoccupait pas. Cependant, il y avait tout autant de suicides dans les entreprises qu’aujourd’hui.

Maintenant, la patate chaude est lancée. Cette liste a fait bouger les lignes. C’était urgent et nécessaire !

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Bernard Salengro , médecin du travail et secrétaire national de la (...)

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