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SNCM : s’agit-il d’une faillite organisée ?

Dans le dossier de la SNCM, nous pouvons de prime abord nous poser deux questions :

Quelle est la responsabilité de l’Etat actionnaire depuis 2005 ?

S’agit-il d’une faillite organisée par les actionnaires ?

En tant que présidente confédérale, ce qui m’inquiète aujourd’hui c’est :

* le devenir des 1508 salariés en CDI de la SNCM,

* l’avenir de la continuité territoriale et donc de la délégation de service public afin de garantir une desserte de la Corse qui permette aux résidents de se déplacer entre la Corse et le continent, aux touristes d’aller en Corse (et donc de soutenir l’économie locale : hôtellerie, restauration, commerces, artisanat...), mais surtout aux entreprises corses de pouvoir continuer d’envoyer leurs productions pour honorer leurs carnets de commandes et de recevoir la matière première dont elles ont besoin.

Si la SNCM disparaît c’est toute l’économie de la Corse qui va en pâtir. Ce sont des entreprises qui vont fermer et des emplois qui vont disparaître en Corse comme à Marseille et ses environs.

La CFE-CGC refuse de voir se reproduire pour la Corse ce qui s’est passé en Sardaigne (doublement des prix et effondrement des trafics).

Pourtant, nous en prenons le même chemin, si nos politiques ne réagissent pas.

La Sardaigne a connu depuis 2011, l’entente entre armateurs napolitains et Sardinia Corsica Ferries qui était en position dominante au moment du rachat de la Tirrenia (en ce qui concerne la Corse, Corsica Ferries assure quelque 70% du trafic entre le continent et l’île et ce, à coup de dumping social). Avec ensuite un fonctionnement en cartel (la Corse pourrait connaître le monopole pur et simple si la SNCM venait à disparaître car la prochaine entreprise dans le collimateur de Corsica Ferries serait la Méridionale), résultat un prix de traversée multiplié par 2 ou plus et une baisse du trafic de voyageurs inversement proportionnelle !

Est-ce ce que le gouvernement (actionnaire à 25% de la SNCM, voire 33% de plus via la participation de la Caisse des Dépôts et Consignations) souhaite cela pour la Corse ?

Si tel n’est pas le cas, comment Transdev et Veolia (actionnaires à 66% de la SNCM) ont pu demander le remboursement anticipé des prêts à court terme qu’ils avaient accordé à la SNCM, et organiser ainsi le dépôt de bilan de leur filiale SNCM ?

Pourquoi la SNCM n’a-t-elle pas fait de recours en droit interne contre les amendes de la commission européenne ?

Pourquoi un tel acharnement juridique de la Corsica Ferries sur la SNCM ?

Pourquoi le gouvernement reste-t-il passif face à ces attaques de la Corsica Ferries ?

Pourquoi ne s’attaque t-il pas réellement à l’harmonisation sociale et fiscale pour défendre la SNCM dont il détient 25% des parts, et plus largement sa filière maritime ?

Il pourrait ainsi, en utilisant la réglementation maritime européenne, exiger l’utilisation d’un pavillon communautaire de même niveau social et fiscal que le "Pavillon premier registre français" et interdire l’utilisation du "Registre international italien" qui permet aujourd’hui à Corsica Ferries d’être exonérée des charges patronales et salariales pour ses marins italiens, ces derniers étant aussi exempts d’impôts sur le revenu. Registre permettant, par ailleurs, le recours à des équipages venant d’autres pays via la directive détachement. Comment l’Etat français peut-il laisser faire cela ????

Pourquoi la Corsica Ferries a-t-elle touché, pendant presque 10 ans, sans contrepartie ni justificatif valable, environ 180 millions d’euros d’aide sociale aux passagers ???

Comment peut-il y avoir deux poids et deux mesures ????

À quelques mois de nouvelles discussions sur l’organisation de cette desserte dans l’aérien, un travail général doit être fait sur les conditions de concurrence pour ne pas mettre en péril tout le schéma de service public et imposer des règles de marchés, protectrices des délégataires sélectionnés par l’Office des transports de la Corse, et équitables hors service public.

À défaut, la disparition de la SNCM sera la première étape avant celles de la Compagnie Méridionale de Navigation, d’Air Corsica puis d’Air France dans la desserte de la Corse.

L’urgence pour la CFE-CGC, c’est que les actionnaires assument leurs responsabilités et soient à la hauteur de l’exemplarité annoncée par le gouvernement.

Nous demandons donc, en cas de redressement judiciaire, à ce qu’il y ait une période d’observation de six mois minimum garantissant la saison estivale 2015 pour rassurer la clientèle et ne pas provoquer un effondrement de trésorerie par manque de visibilité à court terme. Cette période doit-être financée par les actionnaires qui, nous le rappelons doivent assumer les errances de gestion passées.

Ce temps est impératif pour que salariés, futurs actionnaires, élus des collectivités directement concernés et tribunal de commerce, puissent prendre le recul nécessaire et monter un vrai projet industriel pour cette entreprise, tant sur la continuité territoriale que sur le Maghreb où les perspectives de développement sont fortes et la rentabilité déjà au rendez-vous.

La CFE-CGC refuse ce scénario catastrophe et toutes ses équipes se battent pour qu’il y ait un avenir meilleur pour la SNCM et pour la Corse.

Nous attendons les décisions du tribunal de commerce, mais n’oublions pas qu’il y a aussi des salariés motivés à la SNCM, que ces salariés ont à cœur l’activité économique de la Corse, le lien entre la Corse et le continent et donc souhaitent un rebond industriel.

Carole Couvert, Présidente Confédérale CFE-CGC

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